Jean-Marc Guillou et ... François Thébaud 2007

SCO Angers 2007

On avait pour les joueurs angevins une admiration mêlée de respect eu égard à la qualité de football qu'ils pratiquaient.

Pourtant à l'heure des bilans le palmarès scoïste est resté quasi vierge. Pas de titre, pas de coupe (une raclée en finale contre Toulouse en 1957), une éphémère participation à la coupe UEFA en 1972. Bref, pas de quoi fouetter un chat ni marquer les esprits.

Rien ou presque rien... Si ce n'est peut-être l'essentiel : à savoir un football intelligent, créatif, offensif, reposant sur la virtuosité des joueurs et contrastant singulièrement avec le réalisme, la tristesse et la rigueur du football français de l'époque (celle de Georges Boulogne).

Et puis on avait Guillou dont le talent éclaboussait Jean-Bouin mais dont Boulogne ne voulait pas entendre parier.
François Thébaud, une référence dans le journalisme sportif, avait coutume de dire que le bon joueur « c'est celui qui fait la passe qu'il faut au partenaire qu'il faut et au moment où il le faut », mais que le joueur génial « c'est celui qui fait la passe que personne n'attend... sauf celui qui va recevoir la balle ! ».
On était convaincu que Guillou (dribbleur d'origine pourtant) appartenait plutôt à la seconde catégorie. Jean-Marc Guillou, joueur marginal au service d'une équipe marginale auprès de supporters qui par souci d'identification sans doute se rêvaient parfois marginaux eux aussi.

Pas de palmarès donc... Mais des souvenirs à la pelle. Comment oublier cette interview de Lucien Leduc il y a quelques années où l'ancien entraîneur du SCO comparait l'équipe de Monaco avec laquelle il fut champion de France en 1978 avec celle du SCO avec laquelle il ne gagna rien d'autre que du plaisir peu de temps auparavant. Dans des termes que le temps nous a fait oublier mais avec un esprit que nous ne dénaturons pas, le père Leduc y affirmait qu'il existait vraiment une différence de niveau entre le collectif angevin talentueux à souhait et celui des Monégasques pourtant titrés.

C'était comme cela ; les Angevins, nonchalance et douceur obligent, avaient sans doute les défauts de leurs qualités. Tant pis, à défaut de palmarès il reste des images : le SCO qui prend la tête du championnat en 1972 à Nice grâce à une victoire 4-2 dont trois buts d'Edwige. « Ce jour-là, nous avait dit en 1989 Ladislas Nagy, l'entraîneur de l'époque malheureusement décédé depuis, on s'est retrouvé mené 2-0 rapidement et j'ai vraiment pensé qu'on allait prendre un carton. Puis on a joué sur un nuage de manière incroyable ».
Ce jour-là, nous fûmes quelques-uns, l'oreille collée au transistor, à avoir bondi au plafond à l'annonce du troisième but du Sco.
Guillou et les autres.