Euro 2021  : c’était prévu par Simon Lebris

Euro 2021  : c’était prévu par Simon Lebris

Prévu ne veut pas dire préparé d’avance. Mais la Fédération anglaise et l’UEFA n’échapperont pas au soupçon  : l’Euro 2020, disputé en juin-juillet 2021, mettra aux prises, dimanche 11 juillet et selon leurs vœux plus ou moins exprimés, les équipes d’Angleterre et d’Italie. Leur place en finale n’est pas injustifiée.

On a tant vanté la conversion de l’Italie à un jeu chatoyant et offensif, avec la bénédiction du sélectionneur Roberto Mancini, que sa présence au dernier match de cette compétition pourrait réjouir les adeptes de ces principes. Mais sa demi-finale contre l’Espagne (1-1, 4-2 aux t.a.b.) les a déçus autant que nous, pourtant habitués aux volte-face, aux changements de cap et aux reniements. Si pour les Espagnols il s’est agi d’un retour au pays, les Italiens ont acté un retour aux valeurs sûres qui ont fait leur durable et négative réputation  : tout de même pas au légendaire “catenaccio”, mais au moins au fameux “bloc bas” et à la contre-attaque. C’est sur un contre que Chiesa a ouvert le score après une heure d’un match où les partenaires de Busquets avaient monopolisé le ballon. Mais si Olmo rayonnait par ses passes et sa clairvoyance, Oyarzabal manquait plusieurs fois l’égalisation que réussissait Morata, le mal-aimé chez lui mais prophète à la Juve après un relais avec Olmo. La malédiction s’abattait sur les deux meilleurs joueurs du match puisqu’ils manquaient leur tir au but, l’immense gardien Donnarumma (1,98 m) pouvant lui aussi briguer le titre de meilleur joueur du match.

Un autre retour, et même deux étaient prévus pour cet Euro  : celui du public dans les stades et celui de l’Angleterre en finale d’une compétition internationale, chose qui ne lui était pas arrivée depuis son titre mondial controversé dans le vieux Wembley en… 1966. Plus d’un demi-siècle, autant dire plusieurs au pays qui a inventé ce sport.

Les deux phénomènes sont-ils liés  ? Malgré leur insensibilité (supposée) aux rafales de vent, les joueurs danois ont dû faire face aux sifflets permanents d’un public qui n’avait d’yeux (et de voix) que pour les Three Lions. Le chauvinisme au pays du fair-play, on commence à y être habitués. Si le «  joli petit pays  » (comme le chante l’hymne du Danemark) a créé l’heureuse surprise de l’Euro 2020-2021 par la fraîcheur de son jeu viscéralement collectif, il l’a fait aussi grâce à deux joueurs, Schmeichel Jr et Damsgaard, ce dernier auteur d’un magnifique coup-franc alors que dix des douze buts danois ont été marqués sur des phases de jeu. Mais le rouleau-compresseur anglais et sa musique d’accompagnement permanente ont pulvérisé l’obstacle bien plus que ne l’indique le score  : 2-1 avec un but victorieux de Captain Kane après une égalisation de Kjaer c.s.c.
Malgré une issue inverse à celle, un brin utopique, qu’on aurait pu souhaiter pour ces deux matches, voilà deux demi-finales qui nous ont tenus en haleine autant par leur dénouement que par leur déroulé, d’une intensité qui n’a pas nui à la qualité. Après tout, on a souvent connu pire. Que la finale soit riche d’ingrédients analogues, c’est tout ce qu’on se permet de lui demander. Et que le meilleur gagne  !