Coupe du monde 2022  : Lettre ouverte à Neymar, par Simon Lebris

Que ton nom rime avec cauchemar, c’est ce que tu dois te dire pour la troisième fois en Coupe du monde.
Tu n’étais pas sur le terrain en 2014 lors de la déroute contre l’Allemagne (la pire humiliation qu’ait subie l’équipe du Brésil, à domicile de surcroît : 1-7 !), tu n’as pas franchi les quarts de finale en Russie il y a quatre ans (histoire belge), et voilà que ton ambition affichée de remporter cette édition qatarienne si paradoxale – de bons joueurs et de l’ennui ! – fichue par terre à cause d’une séance de tirs au but doublement plombante pour ton coéquipier parisien Marquinhos :
il avait précédemment dévié le tir de Petkovic hors de portée des mains d’Alisson sur l’égalisation croate.

« Le football est un jeu merveilleux » disait Pelé, dont tu as égalé le nombre de buts pour la Seleção en conclusion d’une des trop rares actions brésiliennes à une touche dans les mailles du filet croate.
Mais c’est aussi un jeu d’une cruauté rare (encore une rime avec ton nom !) puisque ton adversaire n’a cadré qu’une seule fois (pour l’égalisation!) alors que Livakovic a réussi la bagatelle de onze arrêts avant l’imprévisible séance des tirs au but.
Tu es un joueur qui exprime quasi constamment la joie de jouer, et si tu ne réussis pas tout ce que tu tentes, tu déclenches toujours cette part d’interrogation jubilatoire qu’on ne peut s’empêcher de ressentir en te regardant :
« Ah, qu’est-ce qu’il va essayer cette fois ? », s’interroge-t-on en attendant l’inattendu.
Nous sommes quelques-un(e)s à avoir partagé ton chagrin à l’issue de cet échec, peut-être même à nous demander comment tu allais t’en relever.
Toi dont les propos d’après- match sont rares, tu en as tenu qui laissent l’avenir en demi-teinte (comme on dit d’un verre à moitié vide ou à moitié plein).
Prends exemple sur Messi, ton coéquipier parisien : à 35 ans, il va jouer les demi-finales et pourquoi pas LA finale dont tu rêvais.
Ce Mondial, où le niveau individuel est assez élevé pour faire croire aux naïfs qu’ils assistent à une belle compétition, n’est pas fatalement ton dernier.
Tu ne seras pas si vieux dans quatre ans.

Et si comme dit la chanson d’Antonio Carlos Jobim « Tristeza não tem fim », n’oublie pas qu’il a également composé “Consolação”.
En déplorant ton inutile soutien à Bolsonaro, un abraço do “Jaïr” alias (S. L.)