La V.A.R, arbitre des inélégances par François Sorton

La V.A.R, arbitre des inélégances par François Sorton

Ce qui est censé être un progrès est-il toujours un progrès  ? Non, la preuve  : la V.A.R. devait apporter justice au foot, elle n’apporte que polémiques et confusions. Alors, oui, le foot sans elle, c’était mieux. Mais on ne revient jamais en arrière, il faut faire avec, mais pas comme ça, surtout pas comme ça.


Emotions en différé
L’une des vertus du football est de véhiculer de l’émotion, de la passion, des frissons quand tout va bien. L’émotion ne peut pas être consommée en différé, à crédit, il ne peut pas y avoir de temps additionnel pour l’émotion, pas de temps mort du moins pas autant. Une émotion sous condition n’est plus une émotion. Or, depuis le début de la saison, on peut s’inquiéter  : la V.A.R s’invite en permanence, pour un oui, pour un non. Elle voit des mains partout, des hors jeu d’un orteil, interrompt intempestivement des rencontres qui n’en ont pas besoin. Samedi soir, il n’y eut ni orage, ni blessé grave lors du match Nîmes-Nice. Pourtant commencée à 20 heures, la partie s’acheva à 22h13. En tout, 18 minutes de temps additionnel. Pour rendre le jeu toujours plus haché, décousu, il fallait inventer la V.A.R. Son usage doit être plus modéré, plus intelligent. Elle devait pacifier les esprits, elle ne fait que les enflammer. Comme pour justifier de leur utilité, les gestionnaires de la V.A.R agissent comme des fonctionnaires zélés, trop zélés. Ils dénaturent l’esprit du football, jeu vivant et alerte. Ce sont les arbitres des inélégances, qui préfèrent la loi à l’esprit. Et les arbitres de terrain les suivent systématiquement – ou presque. La règle du jeu sur les mains vient une nouvelle fois d’être amendée par le Board. Cela ne sert à rien, strictement à rien, vous touchez la balle du petit doigt et il y a pénalty après 5 minutes d’arrêt de jeu. A quand une page de pub pendant l’intervention de la VAR  ? Vous rigolez, vous avez tort, ça pourrait arriver très vite. Saucissonner ainsi le foot, c’est corrompre son harmonie et sa fluidité qui devraient prévaloir.
C’est mal parti
On évitera, après 20 matches, de tirer la moindre conclusion. Néanmoins, les prémices de la compétition de Ligue 1 démentent les projections heureuses des prophètes d’un championnat qui allait tout casser. Plusieurs choses ne vont pas dans le bon sens  :
- de plus en plus d’équipes jouent avec 5 défenseurs. Dire que ce système peut être offensif parce qu’il libère les deux latéraux est un argument très spécieux, il solidifie la défense avec trois défenseurs centraux qui ne participent pas au jeu tant que leur équipe n’a pas encaissé de but. Si un entraîneur vous dit qu’il joue ainsi pour mieux attaquer, il se moque de vous (du moins en France).
- les simulations de blessure sont légion  : dès qu’un joueur d’une équipe qui mène 1-0 prend le plus inoffensif des coups, il fait le mort. Il n’y a pas que la VAR qui casse le jeu, il y a aussi les joueurs.
- après deux journées complètes, il y a 8 buts de moins au compteur (47 contre 55). Ca ne veut rien dire, sinon que le jeu et les mentalités ont du retard à l’allumage. A démarrage poussif, conclusion en fanfare  ? Si vous êtes optimiste, vous pouvez le croire. Mais alors très, très optimiste.