Oui, la France sait jouer au foot par François Sorton

Oui, la France sait jouer au foot par François Sorton

On ne croyait pas que ça arriverait et pourtant, oui, c’est sans retenue que l’on écrit que l’équipe de France a réalisé contre le Portugal un bon match, voire un très bon match. Le meilleur sous l’ère Deschamps  ? Oui, sans doute, en tout cas bien supérieur aux rencontres de la Coupe du monde. Mais son déficit est tel qu’on ne va pas faire la chenille.

Feu de paille ou changement de cap  ?
On ne va pas davantage se faire prendre comme des bleus sitôt le premier rayon de soleil venu. Le plus difficile n’est pas de réaliser une très bonne performance mais d’y survivre. Il va nous en falloir beaucoup plus pour qu’on retourne notre veste comme de vulgaires girouettes. Mais si Deschamps retournait la sienne, nous n’hésiterions pas à en faire de même, c’est le football qui commande. Pour l’instant, comme nous le signale Hervé Cariou, un fidèle lecteur, «  la préférence de Deschamps va vers des joueurs qui ressemblent à ce qu’il était sur le terrain  : courageux, rassembleur mais tellement sans saveur  ». Nous souscrivons au propos mais nous serions les plus heureux des passionnés si le sélectionneur voulait nous faire mentir. Sa conception du jeu est un sacrilège pour le football, nous aimerions dire dorénavant «  était un sacrilège  », pour peu qu’il veuille bien durablement changer son fusil d’épaule. A Lisbonne, l’équipe de France a livré une partie consistante, cohérente, aboutie, intéressante, autant d’éloges qu’on n’a pas l’habitude d’adresser à une équipe de Deschamps, pour ne pas dire jamais. Son expression technique, son animation offensive, son désir de créer quelque chose semblaient presque surréalistes quand on a vu l’éprouvant France-Finlande trois jours plus tôt. Il est vrai, venons-y, que les joueurs n’étaient pas les mêmes.
Un 4-4-2 prometteur
Le 4-4-2 losange mis en place par le sélectionneur avait une tout autre allure que les sinistres 5-3-2 ou 3-4-2-1 qu’il voulait rôder depuis quelques mois. Rabiot, positionné beaucoup plus bas à la Juve en véritable numéro 8, a occupé avec beaucoup de bonheur et d’aisance le rôle de piston dont Matuidi avait l’exclusivité. On se demande encore comment l’ex-prodige parisien, si beau joueur de football, a été exclu du voyage en Russie. Sa complémentarité avec Martial a créé un grand trouble chez des Portugais _ très décevants dans l’ensemble par leur refus du jeu _ troublés par la facilité à combiner des deux joueurs. Comme Pogba pour une fois a été sobre, que Kanté semble avoir amélioré son jeu de passes depuis que son coach à Chelsea, Frank Lampard prône un jeu de mouvement, le milieu français a régné sur le match puisque Griezmann a fait du Griezmann, c'est-à-dire de l’excellence. . Quand on sait que les deux grands espoirs du foot français, Camavinga et Aouar sont indisponibles, on aperçoit que l’horizon et le champ d’action de Deschamps sont vastes. En attaque, Mbappé manquait à l’appel (pas Giroud). On ne reparlera pas de Benzema, ça pourrait fâcher un soir où, objectivement, on a plutôt passé un bon moment. C’est si rare que Deschamps aime nous distraire. C’est pourtant lui qui va devoir nous prouver que la France peut bien jouer au football et gagner. L’histoire des entraîneurs nous apprend qu’on ne change pas de religion comme ça, que faire son apostasie n’est pas courant dans la corporation. Mais Deschamps a bien vu ce que son équipe a produit lors de cette finale de groupe contre le Portugal qui a qualifié la France pour le carré d’as de la Ligue des Nations. Alors, sait-on jamais…
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