Mbappé ballon d’au-revoir, par Simon Lebris


Mbappé ballon d’au-revoir, par Simon Lebris

Au soir d’une défaite cruelle pour le PSG (trois tirs sur les poteaux) mais pas si injuste, Luis Henrique se montrait assez philosophe  : «  le football, tu perds, tu gagnes, c’est la vie  ». La grande chanteuse brésilienne Elis Regina a chanté cette alternative douloureuse quand la pièce tombe du mauvais côté. Le soir-même, les journalistes de “L’Equipe du soir”, fidèles à la charte de cette émission, s’empoignaient avec véhémence sur le thème «  Mbappé laissera-t-il des regrets aux supporters de son club  ?  ». Globalement non, fut la réponse, mais les raisons de cette appréciation négative (que nous partageons) ont manqué la raison essentielle. Les noms de Pauleta, Raï, Ronaldinho, Ibrahimovitch, Neymar ont servi d’exemples inverses  : ces joueurs ont marqué les spectateurs du Parc des Princes pas uniquement par leur talent ou leurs statistiques. Sur ce registre, Mbappé les vaut bien et même les dépasse. Il est le meilleur “golead’or” (255 buts) de l’histoire de son club actuel, ses actions d’éclat sont admirées par le monde entier, on ne l’a pas comparé au roi Pelé (qui l’a d’ailleurs adoubé) pour rien. Sa proximité régionale, sa maîtrise de la communication (sa vie privée est bien privée), ses prises de position souvent généreuses (le Bondynois, malgré les sommes extravagantes qu’il gagne – et fait gagner  ! – sait d’où il vient), son leadership en général y compris en équipe de France dont il est le capitaine, font qu’il n’est pas loin d’être le footballeur idéal, comme d’autres peuvent être le gendre idéal. Hélas pour son rêve, Mbappé ne sera pas Ballon d’or cette année (souvent décerné au vainqueur d’une compétition internationale). Dès lors, pourquoi ce non-amour (en exagérant un peu) de la part des supporters parisiens, qui n’apprécient guère son secret de polichinelle (financier) sur le nom de son futur club  ? Au Parc, ils ont eu beau acclamer sa présentation, applaudir ses renouvellements de contrat, se réjouir de ses gestes mirobolants, ils restent un peu sur leur réserve. Car il manque au numéro 7 parisien, chez qui tout paraît calculé, ce brin de vraie folie, d’irrationalité qui transporte les foules. En un mot  : l’émotion.