Barça ou la remontada à l’envers par François Sorton

Barça ou la remontada à l’envers par François Sorton
Le 8 mars 2017, le PSG était éliminé par le Barça (6-1) de la Ligue des Champions après l’avoir remporté à l’aller (4-0). On avait appelé cela une «  remontada  », terme espagnol devenu si courant qu’il est employé à toutes les sauces. Les Barcelonais peuvent se mordre les doigts d’en être aujourd’hui les victimes.

Liverpool, quelle santé  !
La performance de Liverpool, ce 4-0 sans appel, est exceptionnelle, évidemment. Il faut une santé de fer, une foi inébranlable pour réaliser semblable exploit en étant privé de Salah et de Firmino, deux gros atouts offensifs et en étant engagé dans une lutte au couteau avec Mancheste City à la conquête du titre de champion d’Angleterre. A une journée de la fin, il est devancé d’1 point par son rival, risque d’échouer avec un total de 97 points et une défaite au compteur dans une compétition qui n’est pas une sinécure. C’est dire la fureur, la rage de marquer, la générosité, l’enthousiasme démesuré qu’il faut pour courir ce marathon avec un jeu aussi exigeant physiquement. Capable de renverser des montagnes avec un Klopp à la confiance insubmersible, ce Liverpool-là mérite un chapelet d’éloges.

Le Barça se tire une balle dans le pied
Le champion espagnol a péché pour avoir refusé ce qui fait sa marque de fabrique  : le jeu. Bloc bas, sans envie, sans joie, le Barça n’avait qu’un objectif  : vivre sur son avantage, faire le dos rond, laisser passer l’orage, attendre que le temps passe. A jouer si «  petit bras  », il a tout perdu  : son style – du moins ce qu’il en restait - son âme, il n’a plus qu’à entonner des «  mea culpa  ». Il est évidemment permis de rater des matches, pas de refuser de les jouer, comme s’il ne pouvait rien lui arriver. En voulant ramener de la rigueur, Valverde, son entraîneur, lui a enlevé son incomparable pouvoir de séduction, son label haut de gamme. Le Barça n’est pas l’Inter de Milan ou la Juve capables de tous les subterfuges pour ne jamais concéder de but. Certes, il gagne tout en Espagne mais quitte parfois le Camp Nou sous les sifflets des socios mécontents. Pour n’avoir rien tenté à l’exception d’une quinzaine de minutes en fin de première période, les partenaires de Messi n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. C’est d’autant plus dommage que le meilleur joueur du monde réalise une saison exceptionnelle  : il a déjà marqué 48 buts, est inspiré comme jamais et avait multiplié les efforts pour remporter sa cinquième Ligue des Champions. Incomparable, unique, il survole la planète football et ne méritait pas semblable camouflet. Avec lui, le Barça doit retrouver sa raison d’être  ; sans Valverde, ce serait sans doute plus simple pour revenir aux sources du jeu. Les mêmes causes ont abouti aux mêmes effets de remontada pour le PSG et le Barça  : on est puni par l’avarice et la mesquinerie.