Liverpool, la Coupe aux petites oreilles par François Sorton

Liverpool, la Coupe aux petites oreilles par François Sorton
A petit match, petite récompense  : une coupe, oui, mais aux petites oreilles. On a suffisamment dit tout le bien qu’on pensait de cette édition de la Ligue des Champions pour se priver d’écrire que sa finale fut décevante.

Vitesse et précipitation
A trop se connaître, on passe beaucoup de temps à vouloir faire déjouer son adversaire plutôt qu’à jouer. Les deux équipes de caractère que sont Liverpool et Tottenham se sont livré un match d’athlètes où l’on ne pouvait pas être déterminant sans être au sommet de sa forme (Kane l’a appris à ses dépens), un match d’intimidation virile, un match d’engagement où l’on a souvent confondu vitesse et précipitation, intensité et approximation. De ce combat néanmoins loyal, il fallait un vainqueur, ce fut Liverpool, ni meilleur ni moins bon, Liverpool qui a le don de vous asphyxier et de vous étouffer grâce à un pressing intense de ses trois milieux de terrain (Fabinho, Henderson, Wijnaldum), marathoniens attachés à vos basques dont le rôle est de récupérer la balle pour servir le plus vite possible Salah ou Mané, sprinters émérites et perforants mais aussi bons footballeurs. C’est assez rudimentaire comme projet mais ce fut le schéma gagnant à tous les coups et Barcelone en a fait l’amère expérience. Tottenham était un peu à court d’idées et d’arguments pour mettre hors de position une défense des Reds solide autour du rassurant Van Dijk. Depuis trois saisons, les coéquipiers de Lloris ont exactement la même équipe-type qui, si elle leur assure une certaine stabilité, manque de virtuosité et de fantaisie. On avait été plutôt été gâtés par la compétition jusqu’alors, le charme a été rompu à Madrid où l’absence de l’Ajax d’Amsterdam, notre gros coup de cœur, n’aura pas servi les desseins d’un football orphelin d’émotion, de créativité, de raffinement, d’une touche artistique en somme. On a connu pire finale, c’est vrai mais au regard du menu proposé depuis septembre, le dessert ne fut pas tout à fait à la hauteur.