Le football des femmes, toutes voiles dehors, par Simon Lebris

A l’époque pas si lointaine où il commençait de prendre son essor (dans les années 80 du siècle précédent), nous étions quelques-uns à espérer du football pratiqué par les femmes qu’il soit réellement un « football féminin ».
Parmi nous, lecteurs/lectrices de Miroir du football, nous attendions que la primauté soit redonnée à la technique, l’honnêteté, la non-violence.
Spectateur probablement et inconsciemment sexiste, j’ai regardé France-Brésil (2-1) de la Coupe du monde des féminines avec tant de déception que j’ai décroché.
Au-delà du résultat, qui conforte Hervé Renard à la place de l’ennuyeuse Corinne Diacre, le football des femmes véhicule un contenu à forte connotation sociologique.
En témoigne un long article signé Pauline Londeix paru dans Le Monde (merci à Benoît Heimermann de me l’avoir communiqué).
Avec justesse, l’autrice, fondatrice du think tank O2 Sport (adaptons-nous à l’inéluctable évolution du vocabulaire) souligne à juste titre les travers exorbitants du football des hommes : « Celui-ci. aussi plaisant soit-t-il, n'est-il pas à l'image de l'écart qui se creuse entre les ultra-riches et le reste de la population ? »
Son article a logiquement pour le football des femmes les yeux de Chimène, un brin utopistes :le jeu de l’AS Roma féminines, qui a remporté son premier scudetto, est un jeu « offensif fait de passes et de combinaisons rappelant le grand FC Barcelone ». Les footballeuses sont davantage porteuses des valeurs défendues par une large frange de la population que les footballeurs : défilé dans une “pride”, défense des LGBT.
« Nous apprécions les principes que le football masculin a perdus : la pureté, la simplicité, l’amour du jeu », s’exprimait la joueuse Elena Linari dans le journal La Reppublica.
Et Pauline Londeix de faire l’apologie du flag football, qui consiste à enlever à l’équipement d’un ou d'une adversaire une sorte de fanion et éviter ainsi la brutalité du contact. Elle en vient même à attendre non plus de nouveaux Hervé Renard, mais des équivalents féminins d’entraîneurs aussi créatifs qu’Arrigo Sacchi ou Pep Guardiola.
Il faudra peut-être un certain temps mais l’évolution est inéluctable. En attendant, regardons cette Coupe du Monde féminines synonyme à la fois d’évolution (Nouhaila Benzina restera comme la première femme voilée à disputer une Coupe du Monde) et de ressemblance : l’équipe de France n’a jamais battu celle d’Allemagne en compétition officielle.
Elle la retrouvera en huitièmes de finale.

Pour faire mentir l’obsolète légende masculine qui voulait que le football soit un jeu pratiqué à onze contre et onze et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne ?