Circulez, y a plus rien à voir par Simon Lebris

Circulez, y a plus rien à voir par Simon Lebris

La canicule a ouvert ses portes et fermé celles des stades. En attendant la fameuse reprise – dont ne sait si c’est celle de l’économie ou celle du championnat de France –, les souffrants d’insomnie ont pu suivre les Féminines et les Espoirs. Guérison assurée  ! Malheureusement, il va leur falloir désormais trouver autre chose.
Enfin une bonne nouvelle nous est venue de la Coupe du monde (femmes)  : l’élimination de l’équipe de France. Une technique en-dessous de la moyenne, un jeu collectif livré au hasard, une entraîneure dont la joie de vivre irradie, bref il n’y a guère que Vincent Duluc (“L’Équipe”), de moins en moins serein, pour s’affliger d’une telle élimination avant terme, même s’il a fini par reconnaître qu’elle était «  prévisible  ». Et tout le monde de déplorer ce coup de frein à l’essor du «  football féminin  », comme si le football avait un sexe. Du salaire des joueuses à leurs états d’âme d’avant ou d’après match, que n’a-t-on appris quinze jours durant sur la vie intime de “nos” représentantes, à l’exclusion de leur vie sexuelle justement, apanage des hommes il faut croire, n’est-ce pas “Monsieur Pamela Anderson”  ?
Ce qu’il faut croire aussi, c’est que la médiatisation forcenée d’une compétition au mieux très moyenne a dû jeter du baume au cœur des #balancetonporc et autres dénonciatrices d’un sexisme toujours aussi majoritaire et arrogant. Les vrai.e.s perdant.e.s, ce sont les vrai.e.s amoureux.ses du football offensif, joyeux, désintéressé, non plaintif mais créatif dont on a pu espérer (il y a longtemps, c’est vrai  !) que les femmes le revendiqueraient plutôt que prendre le triste modèle du football professionnel masculin, en particulier français et deschampien, soi-disant «  champion du monde  » alors qu’il a “seulement” remporté l’an dernier une compétition appelée «  Coupe du monde  », de moins en moins drôle à suivre de l’avis général.
Cette déferlante de reportages sur ces dames, les Amandine Henry, les Gaëtane Thiney, les Wendie Renard, les Eugénie Le Sommer a surtout ouvert la porte à un flot supplémentaire de chauvinisme. Certes, il n’est pas aussi violent que chez les hommes, on l’a même parfois qualifié de «  bon enfant  ». Mais désormais, chez les dames comme chez les hommes, une seule chose compte  : le ré-sul-tat  !
Voyez les Espoirs, balayés comme une vulgaire poussière par leurs homologues espagnols, bénéficiaires d’un avantage considérable, pensez donc  : 48h de récupération supplémentaires. Eliminés mais contents, les Espoirs  : qualifiés pour les J.O. de Tokyo l’an prochain, leur seul objectif. Ah mais  ! A défaut de pouvoir y récupérer (Euro prio) l’encensé prodige M’Bappé, ils pourraient exiger d’être cornaqués par Corinne Diacre  : le sérieux, elle connaît. Elle ne connaît même que ça  !