France (s)  : l’été en pente douce par François Sorton

France (s)  : l’été en pente douce par François Sorton
A 24 heures d’intervalle, le rêve des Bleues et des Bleuets s’est transformé en désillusion. Féminines et espoirs ont voulu faire du Deschamps  : gagner sans se préoccuper beaucoup de jouer. Américaines et Espagnols les ont renvoyés à leurs études.

Américaines trop fortes
Les Françaises ont réalisé contre les Etats-Unis leur meilleur match du Tournoi mais la marche était un peu trop haute, l’adversaire trop forte. Si elles ne peuvent pas s’en vouloir puisqu’elles ont tout donné, elles ont étalé beaucoup de limites techniques, une absence d’inspiration et un pouvoir de création sommaire. Alors, oui, l’ambiance était formidable, le public formidable, l’engouement formidable, les audiences télé formidables. Les medias avaient réussi à installer cette Coupe du Monde féminine comme le grand divertissement de l’été  ; c’est une réussite populaire mais est-ce un grand spectacle sportif  ? Répondre non fait de vous un misogyne tout comme il fait de vous un raciste si vous n’aimez pas une équipe qui présente au milieu de terrain trois purs milieux de terrain défensifs blacks. On ne demandera pas pardon, seul le football nous intéresse, qu’il soit joué par des blancs, des femmes, des jaunes…Nous avons entendu des choses étonnantes ces jours-ci  : l’excellent Vincent Duluc («  l’Equipe  ») avec qui nous sommes pourtant rarement d’accord a été invectivé par le dénommé Denis Brogniart (animateur de TF1 et donc partie prenante) au prétexte qu’il avait écrit que «  le jeu des Bleues était très décousu. Cette obligation de verser dans l’euphorie est assez insupportable.

Les Espagnols donnent la leçon
On sera beaucoup plus sévère avec les Espoirs français dont l’itinéraire italien dans ce championnat d’Europe a été insignifiant. Comment une équipe peut-elle être aussi désarmée techniquement, être dépourvue du moindre fond de jeu au point d’être incapable de se faire trois passes de rang  ? Elle a pensé qu’elle pouvait faire comme les «  grands  » en Russie, gagner sans avoir la moindre idée directrice. C’est d’autant plus décevant que leur entraîneur, Sylvain Ripoll, a très longtemps été à Lorient l’adjoint de Christian Gourcuff, pour qui justement l’expression collective avait un sens. Ripoll a tout oublié, il a voulu faire du Deschamps, oubliant tout ce qu’il avait appris dans le passé. Aouar, le si intelligent milieu de Lyon, a été mis sur la touche deux matches pour défaut de combativité alors que les ballons volaient dans tous les sens. L’Espagne a corrigé ces Espoirs sans culture avec une facilité dérisoire. Un peu déclinants depuis quelques saisons sur le plan international (championnat d’Europe et coupe du Monde ratés en 2016 et 2018), les Espagnols ont gardé intacts leur esprit, leur savoir-faire collectif et leur intelligence. Ei dire que les Français ont néanmoins acquis le droit de la belle aventure des Jeux Olympiques de Tokyo dans un an, une aventure qui méritera mieux que la représentation d’une équipe disloquée. La présence du «  mentaliste  » Didier Deschamps est déjà annoncée  : ça promet.