Espoirs  : l’Espagne est grande  ! par François Sorton

Espoirs  : l’Espagne est grande  ! par François Sorton
Si ce n’est pas la nouvelle du siècle, elle mérite mieux que l’entrefilet qui l’a entourée  : l’Espagne est devenue pour la cinquième fois championne d’Europe Espoirs en battant l’Allemagne (2-1). L’important n’est pas ce nouveau titre mais l’extraordinaire prestation des Espagnols.

Tout vient à point à qui sait attendre
Vous êtes assigné à résidence un samedi, il fait chaud, alors vous vous vautrez et regardez du foot.
Lorsque la journée se termine à 3 heures du matin après un quart de finale de la Copa América éprouvant (0-0) entre l’Uruguay et le Pérou (vainqueur aux tirs au but), vous vous dites qu’on ne vous y reprendra plus. Car l’après-midi avait été cruel. Comme vous n’avez pas une grande culture du foot africain, vous vous tapez trois matches d’affilée de la CAF  : Mauritanie-Angola (0-0), Cameroun-Ghana (0-0), Bénin-Guinée Basseau (0-0). Bilan  : 6 heures, 4 matches, 0 but, 8 équipes dont la seule préoccupation était de défendre. Le football n’était plus un jeu où il faut essayer de marquer un but mais un jeu où il fallait se protéger comme en hiver pour ne pas en encaisser un. Vous vous demandez, à un tel niveau de masochisme, si le moment n’est pas venu de consulter.
Le dimanche, vous zappez mais vous savez qu’il y a un match de l’Espagne le soir. Il ne faut pas snober l’Espagne parce que, depuis que le Brésil et l’Argentine sont en mode pause (les deux équipes se rencontrent en demi-finale après avoir fait toutes les deux un tournoi exécrable), elle reste la seule nation qui représente le football éternel. Après elle, le déluge (si vous croyez que la France de Deschamps peut prendre la suite, changez de rubrique tout de suite), alors il faut en profiter.
Deux joueurs ne nous étaient pas inconnus avant la compétition  : Fabien Ruiz, milieu de terrain de Naples, dont le pied gauche avait illuminé le Parc des Princes en Ligue des champions contre le PSG, et Dani Ceballos, qui avait tenté en fin de saison de mettre un peu d’ordre dans une équipe du Real Madrid qui prenait l’eau. Les deux compères ont déjà fait quelques apparitions chez les «  grands  », et le jour où Busquets sera atteint par la limite d’âge, Ruiz sera un très digne héritier.
Contre une bonne équipe d’Allemagne, les Espagnols ont souffert mais leur maturité technique leur a permis de passer sans encombre quelques moments difficiles. Surtout, oui, surtout, nous avons admiré quelques phases de jeu que nous n’avions plus vues depuis que le Barça n’est plus le même. Il y eut des séquences de redoublements de passes, de passes à l’aveugle, de jeux en triangle si éblouissantes que par instant on croyait revoir Busquets, Xavi, Iniesta, Messi à la baguette. Comme par magie, vous avez oublié depuis longtemps votre samedi à dormir debout.